Gestion des déchets à Brazzaville et Pointe-Noire : Le Premier ministre annonce des réformes pour un financement durable
- Excelsior INFO
- 20 nov. 2024
- 3 min de lecture

Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a été interpellé le 15 novembre dernier lors de la séance des questions orales avec débat au Sénat, à propos du mode de financement des opérations d’assainissement dans les villes de Brazzaville et Pointe-Noire pour l'année 2025. La question portait notamment sur les prélèvements effectués sur les salaires des fonctionnaires et les coûts relatifs à la gestion des déchets. Cette problématique est devenue un enjeu majeur dans le cadre de l’urbanisation croissante du pays, et elle est au cœur des préoccupations actuelles.
En effet, depuis plusieurs semaines, les villes de Brazzaville et Pointe-Noire font face à une situation de surpopulation d’ordures ménagères, avec des déchets s’entassant dans les grandes artères urbaines. Le Premier ministre a précisé que, bien que des ressources soient affectées à la gestion des déchets, la contribution des fonctionnaires, sous forme de prélèvements de 2000 FCFA par mois, ne génère qu’environ 120 millions FCFA par mois. Cette somme reste largement insuffisante pour couvrir les coûts de l’assainissement dans ces deux grandes villes, qui se chiffrent à près de 3,7 milliards FCFA par mois pour le contrat avec l’ancien prestataire, la société Averda. « L’Etat est donc contraint d’intervenir pour l’essentiel à hauteur de 3 milliards FCFA par mois pour les villes de Brazzaville et Pointe-Noire », a souligné le chef du gouvernement.
En ce qui concerne les coûts liés à l’assainissement, Anatole Collinet Makosso a indiqué que l’accord avec Averda avait une valeur annuelle d'environ 37 milliards FCFA, tandis que la ressource provenant des fonctionnaires ne couvre qu'une petite partie des frais. « Les ressources additionnelles d’environ 3 milliards 500 millions sont à la charge de l’Etat. C’est ce qui ressort de l’accord que nous avons avec la société Averda qui travaillait sur les deux grandes villes pour un coût annuel d’environ 37 milliards FCFA », a-t-il précisé.
Alors que le contrat avec Averda est désormais expiré, le gouvernement est en négociation avec un nouvel opérateur, mais ce dernier devrait régler de manière significative le coût de la prestation, ce qui demeure une préoccupation face à l’ampleur des tâches à accomplir. Le Premier ministre a clairement indiqué que l’Etat ne pourra pas continuer à soutenir indéfiniment le financement des opérations d’enlèvement des déchets ménagers, une activité qui devrait normalement relever des collectivités locales. Il a également souligné que les défis liés à l’urbanisation, notamment la production accrue de déchets, se poseront inévitablement dans d'autres villes du pays. « La problématique de la forte urbanisation de notre pays a pour corollaire une production accrue des déchets ménagers et bien d’autres encore. Les problèmes de collecte des ordures comme nous le constatons aujourd’hui à Brazzaville et à Pointe-Noire se poseront demain à d’autres centres urbains, c’est même déjà le cas pour certains d’entre eux », a-t-il affirmé.
Dans le but de trouver des solutions durables, le gouvernement a inscrit dans le projet de budget de l’Etat pour 2025 des mesures destinées à renforcer le financement des opérations d’assainissement. Parmi ces mesures, on trouve l’introduction de centimes additionnels à la patente, une taxe sur les emballages non récupérables, ainsi qu’une taxe immobilière sur les loyers, dont 50% seront alloués aux collectivités locales pour couvrir les coûts liés à la gestion des ordures ménagères. « Des pollueurs tout aussi des ménages que des entreprises », a ajouté le Premier ministre, insistant sur la nécessité de mettre en œuvre le principe du "pollueur-payeur".
Ainsi, une autre piste a été évoquée lors du débat d’orientation budgétaire, consistant à envisager un prélèvement direct sur les salaires des fonctionnaires et des cadres du secteur privé dont les revenus excèdent 500 000 FCFA, pour financer l’enlèvement des ordures ménagères. Le gouvernement prévoit de finaliser ces réflexions et de soumettre des propositions concrètes au Parlement dès que les études nécessaires auront été réalisées. « Lorsque les études arriveront à leur terme, nous ne manquerons certainement pas de revenir vers vous pour que nous puissions nous accorder sur ce mode de financement qui nous garantira un financement adéquat de cette activité d’enlèvement et de traitement des ordures ménagères », a conclu Anatole Collinet Makosso.
En réalité, le gouvernement cherche activement des solutions pour garantir un financement durable de l’assainissement, face à la pression croissante exercée par l’urbanisation et l’augmentation des déchets dans les grandes villes.
Léna Keïra




Commentaires