Congo – VIH : Brazzaville recentre sa riposte sur les communautés et mise sur la souveraineté sanitaire
- Excelsior INFO
- il y a 6 jours
- 2 min de lecture

À Brazzaville, la Journée mondiale de lutte contre le sida, célébrée le 1er décembre, a été l’occasion pour le gouvernement de dévoiler une nouvelle orientation de sa stratégie nationale contre le VIH. Plus qu’un simple rappel d’engagement, les autorités affirment vouloir réorganiser la riposte autour des communautés locales, de la logistique sanitaire et d’une meilleure autonomie du pays face aux financements extérieurs.
Le ministre de la Santé et de la Population, le professeur Jean Rosaire Ibara, a rappelé avec fermeté la priorité absolue de l’État « Aucune personne vivant avec le VIH au Congo ne doit être confrontée à une rupture de traitement », a-t-il indiqué, dénonçant toute forme d’interruption dans l’approvisionnement en médicaments et intrants essentiels.
Cette année, la feuille de route mise en avant par le gouvernement s’appuie sur trois fondements.
D’abord, la sécurisation des intrants stratégiques, considérée comme la pierre angulaire de la continuité des soins. Ensuite, le renforcement de la résilience du système de prise en charge, en intégrant davantage les services de dépistage et de traitement dans les structures de santé primaires, au plus près des communautés.
Enfin, le professeur Ibara a insisté sur un levier encore trop négligé : la lutte contre les préjugés. Combattre la stigmatisation et les discriminations constitue selon lui un passage obligé pour garantir un accès équitable aux soins, en particulier pour les populations les plus exposées.
La vision gouvernementale s’inscrit dans l’ambition mondiale 95-95-95, qui vise d’ici 2030 à dépister 95 % des personnes vivant avec le VIH, à mettre sous traitement 95 % des cas diagnostiqués et à atteindre une charge virale supprimée chez 95 % des patients sous antirétroviraux.
« Surmonter les perturbations ne suffit plus. Il faut transformer la réponse pour atteindre l’objectif d’élimination du sida fixé à 2030 », a précisé le ministre, soulignant que chaque investissement devra produire un impact mesurable dans la lutte contre l’épidémie.
Pour l’année 2025, le pays lance une vaste campagne de dépistage national, ouverte du 1er au 31 décembre. L’objectif : atteindre les populations éloignées, marginalisées ou peu sensibilisées, grâce à des approches innovantes et des unités mobiles renforcées.
Le gouvernement parie également sur le numérique, en partenariat avec l’ONUSIDA, pour améliorer la collecte de données, le suivi des patients, ainsi que la coordination des initiatives communautaires. Cette transition technologique est présentée comme un outil essentiel pour mieux anticiper les ruptures, optimiser les stocks et garantir la continuité des traitements.
Acteurs politiques, religieux, traditionnels, organisations civiles et personnalités publiques seront mis à contribution. Leur rôle : encourager le dépistage, diffuser des messages de prévention et porter un discours de tolérance au sein de leurs communautés. Le ministère voit en eux un relais indispensable pour atteindre les objectifs fixés.
Dans un contexte où le Congo veut réduire sa dépendance envers les partenariats extérieurs et renforcer sa souveraineté sanitaire, les autorités appellent à une mobilisation complète du pays.
Du sommet de l’État jusqu’aux quartiers et villages les plus isolés, chaque acteur est invité à s’engager pour faire du rêve d’un Congo sans sida « une réalité tangible pour les générations à venir ».
Léna Keïra




Commentaires