Brazzaville: la nuit tombe et la peur s’installe à Djiri
- Excelsior INFO
- 21 juil.
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À Djiri, dans le 9ᵉ arrondissement de Brazzaville, le soleil décline lentement derrière les toits de tôle. Pour les habitants des quartiers Trois Poteaux et Ibalicko, cette lumière décroissante n’annonce pas la quiétude du soir, mais l’arrivée d’un autre genre d’obscurité celle de la peur.
Depuis plus d’une semaine, une même routine s’impose à tous : fermer boutique, rentrer vite, verrouiller portes et fenêtres. À 19 heures, les rues se vident. Le silence est lourd, ponctué parfois de cris ou de bruits de pas pressés. Car c’est à cette heure précise que les bébés noirs ces jeunes délinquants armés de machettes surgissent.
Personne ne les attend. Et pourtant, tout le monde sait qu’ils viendront.
« Le premier jour lorsque les bébés noirs sont venus agresser les gens, ils ont tout pris sur leur passage », raconte un agent de la force publique, encore marqué par le chaos de cette nuit-là. Ce soir-là, un chef militaire, surpris par la violence de l’attaque, n’a eu d’autre choix que de pourchasser lui-même les assaillants, en attendant l’arrivée de la police.
Depuis, les assauts se sont multipliés. Les témoignages font état d’une violence croissante. Un menuisier, pris au piège au terminus de Trois Poteaux, a été grièvement blessé à la machette. Certains militaires vivant dans ces quartiers sont désormais contraints de se défendre seuls. Les détonations résonnent parfois dans le noir, signalant des tirs de sommation. La population, elle, dort peu, l’oreille aux aguets.
L’origine de cette terreur ? Un jeune kuluna, tout juste sorti de la Maison d’arrêt de Brazzaville, où il aurait séjourné sans jugement. Porté par un sentiment de vengeance, il revient chaque nuit, accompagné de ses compagnons d’infortune, pour semer la peur avant de disparaître dans l’ombre.
Face à une situation qui dégénère, les habitants réclament une action rapide. L’État, pensent-ils, ne peut plus rester spectateur. « Afin d’éviter de faire le médecin après la mort », murmure un vieux riverain, résigné, avant de tirer les verrous une énième fois.
Léna Keïra




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