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Madagascar : quand l’armée se divise, le pouvoir de Rajoelina vacille

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La crise politique qui secoue Madagascar vient de franchir un nouveau cap. Une partie de l’armée s’est rangée, ce samedi, du côté des manifestants qui réclament le départ du président Andry Rajoelina. Dans les rues d’Antananarivo, la tension a pris une tournure explosive.



Le signal de la rupture est venu du CAPSAT, le Corps d’administration des personnels et des services de l’armée de terre. Basés à Soanierana, plusieurs officiers ont diffusé un message appelant leurs camarades à refuser d’obéir aux ordres de répression contre les civils.

Quelques heures plus tard, des camions militaires sont apparus dans la capitale. Acclamés par des centaines de manifestants massés sur la place du 13-Mai, ces soldats ont été perçus comme des « frères d’armes du peuple ».


Dans une vidéo largement partagée, les mutins ont déclaré « Nous ne tirerons pas sur nos concitoyens. L’armée doit servir la nation, pas un clan politique. »



Des affrontements sporadiques auraient éclaté dans certains quartiers, sans résistance majeure des forces restées loyales au pouvoir.



Ce soulèvement militaire vient amplifier une colère populaire qui couve depuis plusieurs semaines. À l’origine, la contestation dénonçait les coupures d’eau et d’électricité. Mais le mouvement, porté par la jeunesse du collectif Gen Z Madagascar, s’est rapidement transformé en révolte contre la corruption, la pauvreté et la gouvernance du président Rajoelina.



Selon les estimations des Nations unies, au moins 22 personnes ont perdu la vie depuis le début des manifestations le 25 septembre. Le gouvernement, lui, parle d’un « complot politique » visant à déstabiliser le pays.



Andry Rajoelina, 51 ans, avait tenté de désamorcer la crise le 6 octobre en remaniant son équipe. Il avait confié le poste de Premier ministre au général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo, un choix censé apaiser les tensions avec l’armée. Mais cette manœuvre n’a pas suffi.


En fin de journée, des rumeurs de fuite du président hors de la capitale se sont multipliées, sans confirmation officielle. Le ministère des Forces armées a dénoncé « une tentative de coup d’État » et appelé les soldats à « préserver l’ordre républicain ».



Au-delà du bras de fer politique, c’est une génération entière qui exprime son ras-le-bol.

« Nous n’avons plus confiance en personne. Nos dirigeants vivent dans le confort pendant que nous manquons d’eau et d’électricité », témoigne Lova, 22 ans, étudiante en économie.



Le mouvement Gen Z, sans structure ni leader désigné, prône un engagement civique et non partisan. Ses membres refusent toute récupération politique, affirmant vouloir « un nouveau départ pour Madagascar ».



Face à la dégradation de la situation, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a exhorté les autorités à renoncer à tout usage excessif de la force. Il met en garde contre une « spirale de violence » qui pourrait précipiter le pays dans l’instabilité.



Alors que la capitale reste sous haute tension, la question qui hante désormais les esprits est simple : le pouvoir d’Andry Rajoelina peut-il encore se maintenir sans l’appui de son armée ?





Léna Keïra

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