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Madagascar : le colonel Michael Randrianirina prend les rênes du pays après la chute d’Andry Rajoelina


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Le colonel Michael Randrianirina, 51 ans, a officiellement été investi président de la transition à Madagascar ce vendredi, lors d’une cérémonie organisée à la Haute Cour constitutionnelle d’Antananarivo. Cet officier, chef de l’unité militaire du CAPSAT, s’est imposé comme le nouvel homme fort du pays après plusieurs jours de tensions politiques et de manifestations massives.



Moins d’une semaine après la destitution d’Andry Rajoelina par l’Assemblée nationale et sa fuite à l’étranger, le colonel Randrianirina a prêté serment, promettant d’ouvrir « une nouvelle ère pour Madagascar ».

« Ce jour marque un tournant historique. Nous travaillerons avec toutes les forces vives pour refonder notre République », a-t-il déclaré, sous les applaudissements d’une salle rassemblant militaires, opposants politiques et représentants étrangers.


Le nouvel homme fort a insisté sur la mise en place d’une nouvelle Constitution et de textes électoraux « plus inclusifs », dans la perspective d’élections prévues d’ici 18 à 24 mois.



Conscient des critiques internationales qui dénoncent un coup d’État militaire, Randrianirina a tenu à se démarquer : « Le gouvernement appartient aux civils », a-t-il affirmé, troquant pour l’occasion son uniforme contre un costume sobre.

Il a également salué le rôle des jeunes du mouvement Gen Z, à l’origine des manifestations de septembre, et a remercié la Haute Cour constitutionnelle pour avoir « évité le chaos » en sollicitant l’intervention de l’armée.


Des délégations venues des États-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de la France ont assisté à la cérémonie, marquant un intérêt prudent pour cette transition politique.



Malgré les promesses de réformes, plusieurs institutions internationales appellent à la vigilance.

L’Union africaine et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont annoncé l’envoi de missions d’enquête, réclamant le respect de la démocratie constitutionnelle et la participation des civils à la transition.



Depuis Abuja, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a estimé que « la transition semble engagée » tout en appelant à une gouvernance inclusive.



L’ex-président Andry Rajoelina, dont la destitution a précipité la crise, n’a toujours pas révélé sa localisation. Ses partisans dénoncent une « manœuvre illégale » orchestrée par la Haute Cour et affirment qu’il demeure le président légitime.


Les contestations populaires, déclenchées fin septembre par des coupures d’eau et d’électricité récurrentes, ont dégénéré en affrontements meurtriers. D’après l’ONU, 22 personnes ont perdu la vie et plus d’une centaine ont été blessées avant que le CAPSAT ne se rallie aux manifestants.



Cette nouvelle transition porte à trois le nombre de changements de régime militaires depuis l’indépendance de Madagascar en 1960, après ceux de 1972 et 2009.

L’île, riche en ressources naturelles mais minée par la pauvreté 80 % des 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour , fait désormais face à un défi colossal : restaurer la confiance, stabiliser ses institutions et préparer un retour à l’ordre constitutionnel.



« Nous rompons avec le passé pour reconstruire le futur », a conclu le colonel Randrianirina, se présentant comme l’artisan d’une refondation politique et sociale du pays.




Léna Keïra

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