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Kinshasa : entre amour et discipline militaire, le procès de l’adjudant Ebabi Sarah relance le débat sur la vie privée des soldats

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Peut-on être amoureux et militaire à la fois ? La question secoue la toile congolaise depuis le procès très médiatisé de l’adjudant Ebabi Sarah, jugée le mardi 28 octobre par le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe pour violation des consignes.


Le ministère public a requis dix ans de servitude pénale principale contre la jeune militaire, accusée d’avoir porté atteinte à l’image des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en apparaissant, en tenue d’uniforme, dans une vidéo romantique aux côtés de son futur époux.



À l’origine de l’affaire, une courte séquence tournée dans un studio photo de Matonge, à Kinshasa. On y voit le couple s’embrasser tendrement, en tenue militaire, dans le cadre d’un « save the date » annonçant leur mariage prévu le 31 octobre.

Mais la vidéo, censée rester privée, a fini sur les réseaux sociaux. Le photographe, Yannick Kayembe, propriétaire du Studio Rawstore, a reconnu devant le tribunal être à l’origine de la diffusion sans autorisation.


« La prévenue n’a jamais publié la vidéo. Elle ignorait même qu’elle circulait en ligne », ont plaidé les avocats de la défense, demandant l’acquittement total de l’adjudant Ebabi.



L’affaire repose sur un télégramme du chef d’état-major général, daté du 23 décembre 2021, qui interdit à tout militaire de publier sur les réseaux sociaux des photos, vidéos ou contenus portant atteinte à la dignité et à la crédibilité des FARDC.


Le ministère public estime que la prévenue a enfreint cette règle, même si elle n’est pas directement responsable de la publication.



Pour le président du tribunal, le major Christian Safari, « le dossier est suffisamment éclairé ». Le jugement a été mis en délibéré.



Derrière ce procès en flagrance, les autorités militaires disent vouloir envoyer un message de rigueur et de pédagogie à l’ensemble des troupes. Mais sur les réseaux sociaux, les réactions oscillent entre indignation et soutien à la militaire.

Certains internautes dénoncent une atteinte à la vie privée, tandis que d’autres rappellent la nécessité du respect de la discipline militaire.


« L’amour n’est pas un crime, même en uniforme », écrit un internaute sur X (ancien Twitter).

D’autres rétorquent : « Un soldat reste soldat, même en dehors du service. »



Au-delà du verdict attendu, l’affaire Ebabi Sarah révèle les tensions d’une époque où la frontière entre sphère privée et devoir professionnel devient de plus en plus floue, surtout à l’ère des smartphones et des réseaux sociaux.


Dans un contexte où les institutions tentent de préserver leur image, la justice militaire congolaise devra trancher entre le respect du règlement et la compréhension d’une erreur humaine commise au nom de l’amour.





Léna Keïra

 
 
 

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