L'OMS lance une Académie pour former les professionnels de santé à l'échelle mondiale

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) inaugure mardi une Académie innovante à Lyon, dont l’objectif est de former chaque année 16 000 professionnels de la santé, en réponse à la pénurie mondiale de soignants et aux défis liés aux urgences sanitaires.

Ce nouveau campus, d'une superficie de 11 000 m², est situé dans le «biodistrict» de Gerland, au sud de Lyon, un lieu stratégique proche des acteurs majeurs de la recherche et de l’industrie pharmaceutique. L’inauguration du site est marquée par la présence du président français Emmanuel Macron et de Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'OMS. Ce projet, financé par la France à hauteur de 120 millions d'euros, a pour ambition de répondre à un «déficit» mondial de soignants, qui pourrait atteindre dix millions d’ici 2030, selon l’OMS.

Avec l’aide des technologies avancées telles que la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle, l'Académie sera un outil clé pour la formation continue des professionnels de santé. Le sous-sol de l'Académie est équipé pour mener des simulations à grande échelle, permettant aux apprenants de se préparer aux urgences sanitaires, comme les pandémies ou les catastrophes épidémiques. Les formations proposées sont diversifiées, abordant des thèmes cruciaux tels que la surveillance épidémiologique, la gestion des urgences sanitaires et la prise en charge de victimes en masse.

L’un des objectifs phares de cette Académie est de former trois millions de personnes d'ici 2028, à travers des cours en ligne accessibles dans les six langues officielles de l'OMS : anglais, arabe, français, chinois, espagnol et russe. Ces formations s’adressent non seulement aux médecins, infirmiers et pharmaciens, mais aussi aux chercheurs, aux agents de l'OMS et aux décideurs du secteur de la santé. L'Académie se distingue par une approche qui dépasse les limites des cours traditionnels, en intégrant des outils technologiques de pointe et des formats d'apprentissage modernes.

La situation sanitaire mondiale actuelle, marquée par des épidémies comme le mpox ou le virus H5N1, a renforcé la nécessité de disposer de formations continues pour les professionnels de santé. Le Dr Tedros, lors de la présentation du projet, a souligné que «la pandémie de Covid-19 a réaffirmé ce besoin» urgent de renforcer la préparation des soignants aux crises sanitaires futures. De plus, l'OMS constate que les avancées scientifiques en médecine se multiplient à un rythme rapide, avec une base de connaissances qui double tous les trois mois, rendant nécessaires des formations en temps réel pour que les soignants puissent intégrer ces nouvelles découvertes dans leurs pratiques.

Dans ce contexte, l'Académie de Lyon doit également jouer un rôle essentiel dans la rétention du personnel de santé. David Atchoarena, directeur exécutif de l'Académie, rappelle que, malgré les efforts mondiaux, un «déficit» global de dix millions de soignants persiste, mettant en évidence l’urgence de trouver des solutions pérennes pour renforcer les effectifs.

Le choix de Lyon pour l’implantation de ce campus n’est pas anodin. La ville est un pôle de recherche en technologies médicales et abrite de nombreuses entreprises pharmaceutiques et scientifiques de renom, telles que Sanofi Pasteur et le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Ce tissu local d’acteurs impliqués et diversifiés a été un facteur déterminant pour le succès de ce projet.

En plus de la formation des soignants, l’Académie de l’OMS servira de lieu de rencontre pour des chercheurs, des experts et des décideurs, favorisant les échanges de connaissances et d’idées. L’inauguration de ce campus s’accompagne d’une série d’événements destinés à faire découvrir au public l’expertise lyonnaise et française en matière de santé mondiale.

Enfin, l'OMS prévoit de mobiliser d’autres États membres, le secteur privésx et des fondations pour garantir le financement à long terme de ce projet ambitieux. L'Académie de l'OMS représente un investissement crucial dans la formation des professionnels de santé, afin de répondre aux défis sanitaires mondiaux à venir.

Léna Keïra