Élection à la tête de l’Unesco : l’Égyptien Khaled el-Enany l’emporte face au Congolais Firmin Matoko
- Excelsior INFO
- 8 oct.
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L’égyptologue Khaled el-Enany a remporté, le 6 octobre, la direction générale de l’Unesco, au terme d’un scrutin serré et hautement symbolique. Avec 55 voix en sa faveur, l’ancien ministre du Tourisme et des Antiquités d’Égypte a devancé le Congolais Firmin Edouard Matoko, vétéran de l’organisation, qui n’a obtenu que 2 voix. Cette victoire marque le retour d’un représentant du monde arabe à la tête de l’agence onusienne, et met fin à huit années de direction française sous Audrey Azoulay.
Pour Khaled el-Enany, cette élection est le couronnement d’une campagne menée avec patience et stratégie. Soutenu par la Ligue arabe, mais aussi par plusieurs pays européens et latino-américains, il a su bâtir une coalition large et pragmatique. Sa candidature, portée par le slogan « L’Unesco pour les peuples », a séduit par son ton rassembleur et son appel à un multilatéralisme renouvelé.
À travers lui, de nombreux États ont voulu exprimer leur volonté de rééquilibrer la représentation géographique et culturelle au sein de l’organisation, souvent dominée par les pays du Nord. L’Égypte, acteur historique de la coopération culturelle internationale, signe ainsi un retour diplomatique remarqué.
Face à lui, le Congolais Firmin Edouard Matoko, figure familière des couloirs de l’Unesco, a mené une campagne empreinte de rigueur et de loyauté institutionnelle. Entré à l’organisation il y a plus de trente ans, il y a occupé plusieurs postes stratégiques, notamment celui de sous-directeur général pour l’Afrique.
Son expérience et sa connaissance fine des mécanismes internes lui ont valu le respect des délégations, même si son entrée tardive dans la course a limité sa marge de manœuvre. S’il n’a pas remporté la direction, sa stature diplomatique laisse entrevoir un rôle important dans la mise en œuvre des réformes à venir.
L’arrivée de Khaled el-Enany intervient à un moment critique pour l’organisation. Le retrait annoncé des États-Unis en 2026 risque d’entraîner une nouvelle crise budgétaire, tandis que les fractures géopolitiques fragilisent le système multilatéral. Le nouveau directeur général devra conjuguer diplomatie et gestion pour préserver les programmes essentiels dans l’éducation, la culture et les sciences.
Mais au-delà des chiffres et des équilibres financiers, cette élection traduit un message politique fort : la reconnaissance du rôle du Sud global dans la gouvernance mondiale. En portant un égyptologue à la tête de l’Unesco, les États membres rappellent que la culture et le patrimoine ne sont pas seulement des domaines d’expertise, mais aussi des instruments de paix et de dialogue.
Âgé de 54 ans, diplômé de l’Université de Helwan et docteur de Montpellier, Khaled el-Enany incarne une génération de dirigeants ancrés à la fois dans le monde académique et diplomatique. Sa carrière ministérielle, marquée par la restauration de sites archéologiques et le rapatriement de trésors culturels, témoigne d’une vision concrète du patrimoine comme levier de développement.
En succédant à Audrey Azoulay, il prend la direction d’une institution en quête d’unité. Sa victoire face à Firmin Matoko, candidat africain tout aussi respecté, symbolise moins une rivalité qu’un dialogue entre deux conceptions du multilatéralisme : l’une issue du savoir et du patrimoine, l’autre de l’expérience institutionnelle et de la diplomatie africaine.
Le mandat 2025-2029 s’annonce donc décisif. Khaled el-Enany devra prouver que son slogan « L’Unesco pour les peuples » n’est pas qu’une formule, mais un engagement réel à rendre l’organisation plus inclusive et plus proche du terrain.
Et si la victoire du candidat égyptien marque la fin d’une bataille électorale, elle ouvre surtout une nouvelle ère où le monde arabe et l’Afrique, ensemble, peuvent espérer peser davantage dans les grandes décisions culturelles mondiales.
Léna Keïra




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