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Tanzanie : les nominations familiales de Samia Suluhu Hassan fragilisent son image de réformatrice

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La scène politique tanzanienne est traversée par une nouvelle zone de turbulences après l’annonce, très commentée, du dernier remaniement opéré par la présidente Samia Suluhu Hassan. En intégrant dans son équipe gouvernementale sa fille, Wanu Hafidh Ameir, et son gendre, Mohammed Mchengerwa, la cheffe de l’État fait face à une vague de réactions qui dépasse largement les frontières nationales.




Depuis son arrivée au pouvoir, Samia Suluhu Hassan a travaillé à projeter l’image d’un pays plus ouvert, plus stable et engagé dans des réformes économiques structurantes.

Les nominations familiales viennent aujourd’hui jeter une ombre sur cette dynamique, suscitant perplexité et méfiance chez certains partenaires internationaux, notamment ceux engagés dans les secteurs de l’éducation et de la santé.



Cette décision apparaît à contre-courant des signaux de modernisation qu’elle envoyait jusque-là.



En nommant Wanu Hafidh Ameir vice-ministre de l’Éducation, des Sciences et de la Technologie, la présidente place sa propre fille au cœur d’un ministère crucial pour l’avenir du pays.

Si Wanu bénéficie déjà d’un ancrage politique, sa montée en grade dans ce ministère stratégique est largement perçue comme une décision qui affaiblit la frontière entre loyauté familiale et responsabilité institutionnelle.


Pour nombre d’observateurs, cette désignation risque de fragiliser la crédibilité du gouvernement dans un secteur où l’exemplarité est jugée indispensable.



Le choix de Mohammed Mchengerwa, déjà rompu aux fonctions ministérielles, aurait pu passer plus discrètement dans un autre contexte.

Mais sa nomination au ministère de la Santé, couplée à celle de son épouse, a aussitôt alimenté les accusations de concentration de pouvoir familiale, un phénomène régulièrement pointé du doigt dans plusieurs régimes africains.



Pour l’opposition tanzanienne, ces deux promotions successives témoignent d’une tendance inquiétante : la personnalisation de l’État.



Au-delà des réactions publiques immédiates, c’est le climat politique qui pourrait se tendre.

Les organisations de la société civile, longtemps prudentes, commencent à exprimer leurs inquiétudes quant aux implications sur :


la séparation des pouvoirs,


la transparence dans les décisions publiques,


et la confiance des citoyens envers les institutions.



Certains partenaires internationaux, tout en restant diplomatiques, n’excluent pas que ces choix puissent influencer leurs futurs engagements.



Samia Suluhu Hassan, jusque-là saluée pour sa capacité à stabiliser le pays après les tensions de l’ère Magufuli, doit désormais faire face à une crise de perception.

Dans un contexte où les investissements étrangers et les programmes d’aide dépendent fortement de la réputation de bonne gouvernance, ce remaniement pourrait s’avérer coûteux sur le plan diplomatique.


Le défi pour la présidente sera de réaffirmer sa vision réformatrice tout en dissipant les doutes sur l’influence du cercle familial dans les décisions d’État.



Le débat sur le népotisme, récurrent mais rarement frontal en Tanzanie, ressurgit cette fois avec force et pourrait s’inscrire durablement dans le paysage politique.

Les prochains mois seront déterminants : ils diront si ces nominations affaiblissent réellement la présidence… ou si Samia Suluhu parviendra à transformer cette polémique en opportunité pour clarifier son projet politique.





Léna Keïra

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