RDC : La condamnation à mort de Joseph Kabila, un tournant politique et géopolitique
- Excelsior INFO
- 1 oct.
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Vingt ans après avoir dirigé la République démocratique du Congo (2001-2019), Joseph Kabila fait face à une condamnation historique : la justice militaire de Kinshasa l’a reconnu coupable de « trahison » et de « crimes de guerre », le condamnant à mort au terme d’un procès par contumace. Une décision qui dépasse le simple cadre judiciaire et dont les implications s’annoncent à la fois politiques et régionales.
Âgé de 54 ans, l’ancien chef d’État, absent de l’audience et non représenté par un avocat, est accusé d’avoir soutenu le M23, groupe armé appuyé par le Rwanda et en lutte contre le pouvoir de Félix Tshisekedi. La justice l’a jugé complice des violences commises par cette rébellion dans l’Est du pays, notamment des meurtres, viols et actes de torture. À cette condamnation capitale s’ajoute une peine de quinze ans de prison pour complot.
Mais pour de nombreux observateurs, au-delà des charges, ce verdict vise surtout à couper court à toute ambition politique de Joseph Kabila, dont le retour dans l’arène congolaise inquiète le régime. L’ancien président avait récemment multiplié des signaux en se présentant comme un potentiel opposant à Tshisekedi, après avoir dénoncé « la dictature » en RDC.
Depuis son départ en 2019, Joseph Kabila menait une vie discrète entre l’Afrique du Sud et la Namibie, avant de réapparaître à Goma en 2023, au cœur du territoire où le M23 affirmait sa domination. Ce geste avait été interprété comme une démonstration de proximité avec la rébellion, renforçant les soupçons de collusion.
Dans un contexte où l’Est congolais reste en proie aux violences malgré les accords de paix signés à Washington et au Qatar, le procès Kabila devient un symbole : celui d’une lutte de pouvoir qui se superpose à un conflit régional. La condamnation d’un ancien président met en lumière la fragilité institutionnelle de la RDC et la difficulté de Kinshasa à contenir à la fois l’opposition politique et la rébellion armée.
La sentence contre Joseph Kabila pourrait aussi redéfinir les équilibres régionaux. Kinshasa accentue son bras de fer avec Kigali, accusé de parrainer le M23, et place l’ancien président au cœur d’un dossier explosif mêlant politique intérieure et rivalités transfrontalières.
Pour ses partisans, cette condamnation n’est qu’une manœuvre visant à neutraliser une figure encore capable de fédérer une partie de l’opposition. Pour ses détracteurs, elle marque enfin une volonté d’imposer la justice face aux anciens dirigeants soupçonnés d’avoir nourri l’instabilité.
Dans tous les cas, l’histoire retiendra que Joseph Kabila, qui avait succédé à son père assassiné en 2001 et gouverné la RDC pendant dix-huit ans, est désormais poursuivi non comme ancien président, mais comme ennemi déclaré de l’État congolais.
Léna Keïra




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