Présidentielle 2026 : l’opposition congolaise s’organise autour du RFC

Le 31 mai 2025 dernier, à moins d’un an de l’élection présidentielle prévue en mars 2026, l’opposition congolaise tente une nouvelle dynamique en lançant une plateforme politique inédite : le Rassemblement des Forces du Changement (RFC). Cette coalition, composée d’environ huit partis politiques, a été officiellement présentée lors d’une conférence de presse tenue à Brazzaville.

Elle entend proposer une alternative crédible et pacifique au pouvoir en place.

Placée sous la coordination de Clément Mierassa, président du Parti social-démocratique congolais (PSDC), cette initiative veut marquer un tournant stratégique pour les partis d’opposition. Le RFC regroupe notamment le Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD) dirigé par Jean-Jacques Serge Yhombi Opango, les Souverainistes de Dave Mafoula, ainsi que l’Alliance conduite par Mabio Mavoungou Zinga.

Avec pour devise en lingala et kituba, « Tongo étani, béto télama » (« le soleil se lève, levons-nous »), la coalition appelle à un « sursaut patriotique » et à une prise de conscience collective du peuple congolais face à ce qu’elle qualifie de mauvaise gouvernance.

La mission du RFC est claire : obtenir l’alternance démocratique en 2026, à travers des actions concertées et non violentes. « Nous n’avons pas créé ce rassemblement pour inciter notre peuple à une quelconque révolte et à la violence. Même si l’opposition dans notre pays est plurielle, notre challenge est de nous unir pour bâtir des stratégies plus efficientes, afin de virer le PCT et sa mal gouvernance du pouvoir », a affirmé Jean-Jacques Serge Yhombi Opango, réaffirmant la posture pacifique du mouvement.

Dans la même veine, Clément Mierassa a tenu à rassurer les Congolais : « notre démarche est pacifique parce que nous ne voulons pas de la violence », rejetant toute idée de confrontation brutale avec le pouvoir actuel.

Les membres du RFC insistent sur leur volonté de reconstruire la confiance du peuple, en misant sur des valeurs politiques éthiques et inclusives. « Le Rassemblement des Forces du Changement fait de la démocratie réelle, le respect des libertés et des droits fondamentaux des principes non négociables. Nous défendons la souveraineté du peuple congolais, l’Etat de droit, les élections libres, et honnêtes, la liberté d’expression, la liberté de la presse et l’indépendance de la justice car, il n’y aura pas de renouveau sans démocratie réelle, vivante, inclusive et authentique. La paix et la non-violence sont notre démarche », a déclaré Dave Mafoula.

Dans un geste symbolique, Clément Mierassa s’est agenouillé pour demander pardon au nom de toute la classe politique d’opposition, qu’il accuse d’avoir déçu le peuple par ses divisions passées. « Ce que nous souhaitons pour que nous réussissons dans la démarche que nous avons amorcée, nous souhaitons avoir le soutien du peuple congolais. Le peuple nous a reproché en tant qu’opposition, beaucoup de choses. Nous acceptons puisque la situation est là. Nous n'avons pas la perfection. La perfection n'est pas de ce monde mais, nous devons repartir à zéro pour que nous privilégions l'intérêt général du peuple congolais », a-t-il souligné.

Cette repentance marque-t-elle une réelle volonté de changement ou s’agit-il d’une simple manœuvre politique ? Seul l’avenir permettra de juger de la sincérité de cette démarche.

Dans l’immédiat, la prochaine étape annoncée par le RFC sera la tenue d’un congrès. Celui-ci devrait permettre de formaliser la structure organisationnelle de la coalition et pourrait aboutir à la désignation d’un candidat unique de l’opposition pour affronter le pouvoir en place lors de la présidentielle de 2026.

Léna Keïra