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Nouvelle rupture entre les États-Unis et l’UNESCO : une relation mouvementée

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Les États-Unis ont décidé une nouvelle fois de se retirer de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), mettant fin à une participation marquée par de nombreux revirements au fil des décennies. Cette décision, annoncée mardi par le département d’État, prendra effet fin 2026, et marque la troisième sortie américaine de l'organisation en 40 ans.



La relation entre les États-Unis et l’UNESCO a toujours été fragile. Dès 1984, sous l’administration Reagan, Washington s’était retiré, reprochant à l’organisation ses coûts jugés excessifs et une efficacité contestée. Il faudra attendre 2003 pour un retour sous George W. Bush.


En 2011, un nouvel accroc survient : l’admission de la Palestine comme membre à part entière déclenche l’arrêt des contributions financières américaines, conformément à une loi fédérale. Cette situation prépare le terrain pour un second retrait, officialisé par Donald Trump en 2018, au nom d’un prétendu biais anti-israélien au sein de l’organisation.


Le président Joe Biden tente en 2023 de réparer la relation en réintégrant l’UNESCO, avec un plan de remboursement échelonné de la dette accumulée depuis 2011, estimée à 619 millions de dollars. Ce retour n’aura duré que trois ans.


La récente décision américaine est justifiée par une critique virulente envers l’orientation de l’UNESCO. Selon la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, l’organisation promeut des « causes clivantes » et adopte une vision « mondialiste » en contradiction avec la doctrine « America First ».


Le traitement réservé à Israël est au cœur des griefs. L’adhésion de la Palestine, en 2011, continue de nourrir les tensions. Washington estime que cela a favorisé des discours hostiles à l’État hébreu et miné l’impartialité de l’institution. Des accusations que réfute fermement la directrice générale sortante de l’UNESCO, Audrey Azoulay, qui affirme que l’organisation œuvre activement contre l’antisémitisme et pour la mémoire de la Shoah.


Malgré une contribution annuelle de 75 millions de dollars – environ 8 % du budget total – l’UNESCO assure avoir anticipé ce désengagement. Sous la direction d’Audrey Azoulay, la part des financements volontaires a été augmentée, réduisant ainsi la dépendance financière à l’égard des États-Unis.


Néanmoins, ce retrait aura des conséquences sur certaines activités, notamment les programmes éducatifs et culturels soutenus par Washington. Il pourrait également fragiliser l’autorité morale et diplomatique de l’UNESCO à l’échelle internationale.


Fait notable, malgré leur futur retrait de l’UNESCO, les États-Unis demeureront membres du Comité du patrimoine mondial, l’une des principales instances de l’organisation. Cette position permet encore à Washington d’influencer la désignation des sites classés à l’échelle mondiale.


La directrice Azoulay, dont le mandat se termine en novembre, se veut néanmoins optimiste « L’histoire a prouvé que les retours sont possibles. La porte reste ouverte. » Un appel à la modération, alors que la diplomatie mondiale semble, une fois de plus, tiraillée entre engagements multilatéraux et replis nationalistes.





Léna Keïra

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