Mali : les écoles à l’arrêt, le carburant devient l’arme invisible d’une guerre économique
- Excelsior INFO
- 27 oct.
- 2 min de lecture

Le Mali traverse l’une des crises les plus inédites de son histoire récente. Les salles de classe se vident, les universités ferment, les enseignants restent bloqués chez eux. En cause : une pénurie de carburant sans précédent provoquée par le blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda.
Depuis septembre, les jihadistes s’attaquent systématiquement aux convois transportant de l’essence depuis les pays voisins, paralysant ainsi la mobilité dans tout le pays.
Face à cette situation, les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur ont pris une décision radicale : la suspension de toutes les activités scolaires et universitaires pendant deux semaines, du 27 octobre au 9 novembre.
Les cours devraient reprendre le 10 novembre, si et seulement si l’approvisionnement en carburant s’améliore d’ici là.
À Bamako comme dans les régions, la scène est la même : des stations-service prises d’assaut, des files interminables, des visages épuisés. « J’ai attendu huit heures pour rien. Même pas un litre d’essence », raconte Mahamadou, chauffeur de moto-taxi, contraint de rentrer à pied chez lui.
Le litre d’essence se négocie désormais jusqu’à 2 500 francs CFA sur le marché noir. Un luxe inaccessible pour les enseignants, étudiants et fonctionnaires dont la mobilité dépend entièrement du carburant.
Plusieurs établissements d’enseignement supérieur avaient déjà anticipé la crise, offrant « des congés gracieux » à leur personnel et aux étudiants, incapables de se déplacer.
La guerre du carburant menée par les groupes armés terroristes ne vise plus seulement les forces de sécurité, mais frappe désormais le cœur même de la société : l’école.
Privés de mobilité, les enseignants ne peuvent plus rejoindre leurs établissements, et les élèves des zones rurales restent isolés. Le ministère de l’Éducation a promis un réaménagement du calendrier scolaire, mais sur le terrain, les inquiétudes grandissent : les retards s’accumulent et les examens de fin d’année pourraient être compromis.
« C’est une génération entière qui risque d’être sacrifiée, » s’alarme un responsable syndical enseignant à Bamako.
Ce blocus, initialement présenté comme une opération de harcèlement économique, révèle désormais une stratégie plus profonde : étouffer le pays par l’asphyxie logistique.
En coupant les routes du carburant, les groupes armés perturbent non seulement les transports et le commerce, mais aussi les secteurs vitaux comme la santé et l’éducation.
La communauté internationale observe avec inquiétude l’évolution de cette crise. Car au-delà des statistiques et des communiqués, c’est le droit à l’éducation de millions d’enfants maliens qui est suspendu à la rareté d’un simple litre d’essence.
En attendant, la vie continue… au ralenti. Dans les quartiers de Bamako, des enseignants corrigent leurs copies à la lumière des lampes solaires, des étudiants révisent à la maison, espérant une reprise rapide.
Mais l’espoir s’épuise à mesure que les réservoirs se vident. Si aucune solution n’est trouvée rapidement, le Mali risque de vivre une année blanche une première depuis la crise politico-militaire de 2012.
Léna Keïra




Commentaires