Gabon : le procès de la « Young Team » marque un tournant pour la justice
- Excelsior INFO
- 18 nov.
- 2 min de lecture

Le verdict de la Cour criminelle spéciale de Libreville est tombé tôt ce mardi matin, mettant fin à six jours d’audiences pour dix anciens collaborateurs proches de l’entourage Bongo, surnommés la « Young Team ». La décision, mêlant acquittements et lourdes peines de réclusion criminelle, révèle une volonté manifeste de la justice gabonaise de s’affirmer dans des affaires de corruption et de détournements de fonds publics.
Présidée par Maixent Essa Assoumou, la Cour a rendu un jugement contrasté : Steeve Nzegho Diecko a été acquitté et ses avoirs débloqués, tandis que plusieurs autres accusés écopent de peines allant jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle, assorties de confiscations de biens et d’amendes significatives. Parmi eux, Ian Ghislain Ngoulou, Mohamed Ali Saliou et Abdoul Oceni Ossa font face à des condamnations exemplaires, symbolisant la sévérité judiciaire face aux détournements de fonds publics.
Au-delà des peines individuelles, ce procès a une portée politique et symbolique forte : pour la première fois, des proches de l’ex-famille présidentielle sont jugés et sanctionnés de manière visible. La Cour a par ailleurs ordonné des réparations financières considérables au profit de l’État, allant de plusieurs centaines de millions à plusieurs milliards de FCFA selon les accusés.
Cette dimension marque un tournant dans la lutte contre l’impunité et envoie un signal clair : nul n’est au-dessus de la loi, même ceux liés au pouvoir précédent. Les confiscations de biens, incluant villas, appartements, véhicules de luxe et comptes bancaires, renforcent ce message et soulignent la volonté de rendre tangibles les conséquences de ces crimes économiques.
Ce verdict pose également un précédent pour le système judiciaire gabonais. Les observateurs notent que la Cour a su équilibrer clémence et sévérité, en assortissant certaines peines de sursis tout en frappant les principaux responsables avec des condamnations lourdes. Ce mélange vise à rétablir la confiance du public dans les institutions tout en ménageant les équilibres sociaux.
L’affaire reste toutefois ouverte, puisque les condamnés disposent de cinq jours pour se pourvoir en cassation. La portée réelle de ce jugement sera mesurée dans les mois à venir, selon que la restitution des fonds et des biens se fera effectivement et que la société gabonaise percevra cette action comme juste et transparente.
Le procès de la « Young Team » illustre le rôle croissant de la justice gabonaise dans la lutte contre la corruption et les malversations. Plus qu’une série de peines, ce jugement est un signal fort pour la société civile, les investisseurs et les acteurs politiques : la transparence et la responsabilité ne sont plus de simples slogans, mais des impératifs judiciaires.
Léna Keïra




Commentaires