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Espagne : L’ambassade de la RDC condamnée pour licenciement abusif et irrégularités sociales

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Le tribunal social n°14 de Madrid a récemment tranché une affaire qui jette une lumière crue sur la gestion de l’ambassade de la République démocratique du Congo (RDC) en Espagne. Deux anciens employés de la mission diplomatique viennent d’obtenir gain de cause après plusieurs années de litige, marquées par des pratiques administratives jugées irrégulières et des conditions de travail controversées.


Recrutés respectivement en 2009 et 2012, les deux plaignants n’ont été inscrits à la Sécurité sociale espagnole qu’en 2014, contraints jusque-là de travailler dans l’ombre, sans couverture sociale. Une situation rendue plus opaque encore par une décision prise en 2018 : l’ambassadrice en poste à l’époque avait alors réduit artificiellement leur temps de travail à un temps partiel fictif, tout en continuant à leur exiger une activité à plein temps. Objectif affiché : alléger les charges financières de la chancellerie.


Mais le tournant le plus marquant est intervenu en 2022, avec l’arrivée de la nouvelle ambassadrice, Geneviève Victorine Lukusa. Celle-ci aurait tout simplement cessé de verser les cotisations sociales, sous prétexte que l’Espagne ne contribuait pas à la sécurité sociale congolaise. Résultat : une dette estimée à 60 000 euros vis-à-vis des autorités espagnoles, et six mois de salaires impayés pour les deux employés.


Plus troublant encore, l’ambassadrice aurait justifié l’absence de versements en accusant les employés de percevoir illégalement des revenus « subreptices » de la part de l’État espagnol. Dans le même temps, plusieurs membres de sa famille notamment son mari et ses enfants auraient été intégrés dans la mission diplomatique, accentuant le malaise au sein de l’ambassade.


Les pressions exercées sur les employés n’ont pas manqué : ces derniers ont été incités à signer un document attestant que l’ambassade aurait engagé 96 000 euros pour leurs cotisations depuis 2014, avant d’être accusés à tort de « faute grave » dans une procédure disciplinaire rejetée par la justice.


Le jugement rendu est clair : la représentation diplomatique congolaise est condamnée à verser des indemnités de 27 000 et 36 000 euros, en plus de 17 000 et 18 000 euros pour salaires impayés.


Cette affaire illustre les dysfonctionnements internes qui peuvent affecter certaines représentations diplomatiques à l’étranger, et met en lumière les droits, souvent méconnus, des travailleurs locaux employés par ces institutions.






Léna Keïra

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