top of page

Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara prolonge son règne avec un quatrième mandat controversé


ree

Le verdict des urnes est tombé : Alassane Dramane Ouattara, 83 ans, s’offre un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire. Avec 89,77 % des suffrages exprimés dès le premier tour, le président sortant écrase la concurrence dans un scrutin marqué par l’absence de ses deux principaux rivaux et une participation en demi-teinte.


Selon les résultats provisoires annoncés par la Commission électorale indépendante (CEI), l’entrepreneur Jean-Louis Billon arrive loin derrière, avec à peine 3,09 % des voix. Le taux de participation s’élève à 50,10 %, sur un peu plus de neuf millions d’électeurs inscrits.



La domination du chef de l’État ne surprend guère. Le scrutin s’est déroulé sans Tidjane Thiam ni Laurent Gbagbo, deux figures majeures de la scène politique ivoirienne, écartées de la course — le premier pour des raisons de nationalité, le second en raison d’une condamnation judiciaire.


Dans le nord du pays, bastion traditionnel du président, les scores ont frôlé le plébiscite : plus de 98 % à Séguéla et Ferkessédougou, 99,7 % à Kani, et près de 100 % de participation dans certaines zones rurales. À l’inverse, dans le sud et l’ouest, la participation a chuté, parfois en dessous de 20 %, notamment à Cocody, quartier huppé d’Abidjan, où Ouattara obtient tout de même 68 % des voix.


« Le pays est coupé en deux : le nord vote, le sud s’abstient », analyse Simon Doho, député du PDCI, formation alliée de Tidjane Thiam. « Cette fracture fragilise la légitimité du pouvoir en place. »



Si le vote s’est globalement déroulé dans le calme, quelques incidents ont été recensés dans environ 2 % des bureaux de vote.

Des heurts ont éclaté dans certaines localités du centre et du sud-ouest, faisant deux morts le jour du scrutin et plusieurs blessés selon une source sécuritaire. Depuis le début de la période électorale, six décès ont été recensés.



Premier producteur mondial de cacao et moteur économique de l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire reste un pôle de stabilité relative dans une région secouée par les coups d’État et la menace djihadiste. Pourtant, la lassitude politique gagne une partie de la population.



Pour de nombreux Ivoiriens, la longévité au pouvoir du président Ouattara élu une première fois en 2010 traduit davantage une fatigue démocratique qu’un véritable enthousiasme populaire.



« Ce n’est plus une élection, c’est une formalité », souffle un jeune électeur d’Abobo. « Les grands opposants ne sont plus là, et les gens se désintéressent. »



Avec cette nouvelle victoire, Alassane Ouattara consolide son emprise sur le pays, mais à quel prix ?

L’opposition dénonce une élection verrouillée et appelle à une réforme du cadre électoral. Sur les réseaux sociaux, de nombreux observateurs pointent une érosion du pluralisme politique et une déconnexion entre le pouvoir et la rue.


Reste à savoir si ce nouveau mandat permettra d’apaiser les tensions ou s’il accentuera la fracture entre le nord et le sud du pays, toujours marquée par les blessures des crises électorales passées.




Léna Keïra

Commentaires


Copyright © 2024. Excelsior

bottom of page